SOCIAL / Steco Power s'intéresse au site d'Auxerre
Les Fulmen sont «sceptiques»
Les représentants de l'intersyndicale et le PDG de Steco Power, Denis Chabaneix à droite), ont fait connaissance, hier matin en mairie, où ils ont échangé durant près de deux heures.
Pour zoomer, cliquez sur une imageCh. P.
Mardi le 23 juin 2009
Denis Chabaneix, le PDG du fabricant de batteries du Loiret, a rencontré salariés et pouvoirs publics, hier.
Candidat à la reprise de Fulmen malgré la fin de non-recevoir du groupe Exide (YR des 18 et 19 juin), Denis Chabaneix, PDG de Steco Power, était à Auxerre, hier, pour présenter son projet et évaluer l'intérêt qu'il suscite. Auprès des salariés en premier lieu. Arrivé à 11 heures, le dirigeant du fabricant de batteries du Loiret (l'entreprise est basée à Outarville, où elle emploie 240 salariés) s'est entretenu durant près de deux heures avec dix représentants de l'intersyndicale de Fulmen.
À l'issue des discussions, ces derniers restaient prudents: «Le projet paraît sérieux, mais il faut voir comment il peut s'articuler… Pour l'instant, on lui a dit qu'il était hors de question de compter sur nos indemnités pour son projet. Pour les salariés, c'est un dû. Mais vu les problèmes d'emploi, une majorité pourrait sans doute être intéressée plus tard, à partir d'octobre (les salariés doivent recevoir leur lettre de licenciement à l'automne)», confie Jérôme Nicaise (FO), porte-parole de l'intersyndicale.
«A Steco Power
d'accélérer»
«M.
Chabaneix vise le site d'Auxerre pour avoir un potentiel de production de 3 millions de batteries (Steco en produit 1,2 millions par an, et Fulmen le double). Il se dit prêt à reprendre l'ensemble du personnel intéressé, mais voudrait aussi récupérer le parc de machines pour redémarrer l'activité au plus vite et éviter de trop investir », poursuit l'intéressé. « Si Exide montre de la bonne volonté, son projet a des chances d'aboutir, sinon, ce sera dur… En tout cas, c'est à Steco Power d'accélérer et d'essayer d'obtenir l'appui des pouvoirs publics»
Même prudence du côté de Mourad Youbi (CGT): «On reste mesurés et sceptiques. On s'est battu pour obtenir des indemnités (entre 55 000 et 90 000 euros bruts), et on ne veut pas discuter davantage avant la fin du PSE (le plan de sauvegarde de l'emploi, qui sera clos le 8 juillet). » Le syndicaliste ajoute : « En plus, on ne peut pas avoir de garantie sur la durée d'une reprise. Mais si M. Chabaneix ne vient pas par opportunisme et est prêt à attendre, il sera le bienvenu.
Son entreprise a quand même dégagé un résultat positif l'an dernier, et c'est bien de voir qu'elle a tiré son épingle du jeu en période de crise».
Reste maintenant à voir si des négociations pourront s'amorcer avec Exide, a priori déterminé à barrer la route à tout concurrent direct, comme l'a déjà affirmé le PDG de sa division automobile en Europe. Et Mourad Youbi de pronostiquer qu'«on n'entendra plus parler de Steco si les choses traînent».
«Tout le monde
semble démuni»
Un sentiment sans doute réaliste, à entendre Denis Chabaneix reçu dans l'après-midi en mairie (où Guy Férez avait réuni représentants de la Ville, de la communauté de l'Auxerrois et du conseil général), puis à la préfecture (il s'est entretenu avec le secrétaire général): «Nous restons intéressés par le site de Fulmen où il y a un personnel qualifié, et on a proposé un plan de relance après les licenciements. Mais si ça devient trop compliqué, on n'ira pas plus loin, car on a d'autres possibilités de développement. Exide a intérêt à faire traîner les choses, et il faut voir ce qu'il veut faire de son outil, après fermeture.
Là-dessus, je n'ai pas de réponse, et les pouvoirs publics non plus. Il y a beaucoup de parties prenantes dans ce dossier, et tout le monde semble démuni…».
Démuni et « très pessismiste », pour reprendre l'expression de Guy Férez: «La balle est dans le camp d'Exide, la très grande partie des bâtiments lui appartiennent, et rien ne peut se faire sans son accord. À ma connaissance, le groupe compte déménager ses machines. S'il veut jouer la politique du pire, le site pourrait même rester longtemps en friche…».
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L'Yonne Républicaine - 2005