[center]Stéco est espérée au printemps 2011[/center]

Il faudra encore attendre pour sceller l'accord de reprise de l'usine Fulmen par Stéco Power. Dans le schéma présenté hier, l'usine repartirait courant 2011 avec 50 salariés.


Yves Durand yves.durand@centrefrance.com Encore un coup d'épée dans l'eau. La réunion sous les ors de l'hôtel de Clermont, hier, n'a pas permis aux ex-représentants du personnel de Fulmen de revenir à Auxerre avec des réponses précises. Tout juste ont-ils appris de la bouche du ministre Henri de Raincourt, flanqué du maire d'Auxerre, du président du conseil général et du préfet, que le dossier était presque bouclé, qu'une signature pourrait intervenir en juillet et que Stéco visait une ouverture au printemps 2011. Avec 50 salariés et sans garantie que les anciens de Fulmen y figurent.

« Si vous montez au capital, vous prenez un risque. Sinon, c'est l'économie soviétique?! »
Réunir tout ce beau monde au sein du ministère des Relations avec le Parlement (et la presse avec) ressemblait donc plus à un moyen de rassurer ceux qui attendent depuis des mois, baladés de réunions en tables rondes. Et soumis à un calendrier qui s'allonge désespérément. « C'est un dossier très compliqué et l'enjeu n'est pas mince, se défend Henri de Raincourt. Dans un secteur économique particulièrement difficile, le projet doit être crédible et se développer sur deux sites. Stéco et le Fonds stratégique d'investissement doivent avoir exploré et répondu à un certain nombre de questions sensibles sur la filière de la batterie. Stéco est la dernière entreprise française à en fabriquer et, aujourd'hui, le projet est considéré comme stratégique. Il ne faut donc absolument pas se planter. »

Un projet à 20 M?, dont 33 % d'aides publiques
C'est d'ailleurs cette volonté de coller à la réalité qui aurait forcé Stéco à revoir à la baisse son projet initial. Et non le manque de partenaires financiers, assure le ministre. Aujourd'hui, le budget global avoisine les 20 millions d'euros, dont 33 % d'aides publiques, essentiellement sous forme de prises de participations ou de prêts, donc récupérables, insistent les pouvoirs publics. Sauf si Stéco se plante.
« Ce débat existera toujours, s'agace Henri de Raincourt. Si vous montez au capital, vous prenez un risque. Sinon, c'est l'économie soviétique. » Les murs de l'usine Fulmen seront rachetés par des crédits bailleurs, qui se chargeront ensuite de les louer à Stéco Power. La nouveauté, c'est qu'on parle désormais d'Outarville, l'usine du Loiret dont les salariés craignent de voir la production relocalisée à Auxerre. Ainsi, sur les 400 emplois évoqués dans le dossier, 250 existent déjà dans le Loiret (ou des investissements seront réalisés). Auxerre hériterait donc de 150 créations d'emploi, dont 50 au départ de l'activité. Auxquelles le personnel de Fulmen pourra naturellement prétendre, mais sans garantie. « Ce serait bien idiot de se priver des compétences des ex-salariés, avance un Guy Férez qui se veut rassurant. Grâce au contrat de revitalisation, ils seront aux premières loges. »

« 50 emplois, c'est quand même très faible »
A l'extérieur de la salle de réception, les représentants des syndicats sont partagés. Plutôt contents d'être enfin reçus et d'avoir pu donner leur point de vue. « Les choses ont vraiment bien avancé, avec des interlocuteurs sérieux, s'emballe Bruno Picard (CGT) qui regrette néanmoins que les ex-Fulmen n'aient pas plus de certitudes. « On a une garantie à demi-mots mais on va pousser le préfet et Pôle emploi pour qu'un certain nombre d'anciens salariés puissent retrouver du travail sur place. »

Patrick Rouvrais (FO) se sent, lui, « quelque part rassuré, d'autant que le plan prend désormais en compte le cas de l'usine d'Outarville. » À ses côtés, Jérôme Nicaise lâche néanmoins, « 50 emplois, c'est quand même très faible ». Pour mémoire, Fulmen en a supprimé 314 l'an dernier.