La réunion dans le bureau du ministre, hier matin, n'a pas abouti à la solution espérée par les salariés. Le budget n'y est pas. Et le temps passe.
Yves Durand
ydurand@lyonne-republicaine.fr«Nous, on a fait notre boulot. À lui de trouver l'argent qui manque aujourd'hui. » Le ministre, le député, le président du conseil général et le maire l'affirment en choeur : les pouvoirs ne peuvent pas aller plus loin. Hier matin, dans le bureau d'Henri de Raincourt, à Paris, ils ont fait les comptes. Et ils ne sont pas bons. Le business plan de Stéco Power table sur 20 millions d'euros pour relancer la fabrication de batteries. Le PDG a réuni la moitié de cette somme et les représentants de la puissance publique entre 6 et 7 millions d'euros. « La législation européenne nous empêche d'aller au-delà de 33 %, explique le ministre chargé des Relations avec le Parlement. Ce serait d'ailleurs une faute majeure puisque la réglementation imposerait à l'entreprise de rembourser la totalité des fonds publics perçus et les intérêts. »
Dans l'hypothèse retenue, le conseil général de l'Yonne, via Yonne équipement, rachèterait l'usine de l'avenue Mermoz (N.D.L.R., le groupe Exide en réclame 5 millions d'euros, une somme négociable selon Guy Férez) pour la louer ensuite à Stéco Power. Le conseil régional, lui, verserait 2 millions d'euros d'aides à l'investissement et 3 millions prêtés sur 9 ans avec un amortissement différé sur 2 ans. À cela s'ajouteraient des cautions et des aides parapubliques, issues notamment du fonds national des équipementiers automobiles. Sans oublier, le support technique des services de l'État.
« Tant que le capital n'est pas bouclé, on ne peut pas faire de proposition », ajoute le maire d'Auxerre. Qui ne baisse pas les bras pour autant. « Je ne suis ni optimiste, ni pessimiste. On a bien avancé, mais ça prend toujours plus de temps qu'on ne l'avait imaginé au départ. » Et d'ajouter : « s'il n'y a pas de possibilité, c'est quelque chose qui peut tout à fait échouer. Même si on a pu mesurer, hier matin, que le projet continue de tenir la route. Stéco nous a parlé d'un accroissement de sa production de 26 % en 2010. »
Un groupe de travail piloté par le préfet
Henri de Raincourt veut lui aussi y croire. « Les réponses en terme de financement ne sont pas satisfaisantes mais il faut poursuivre. Je pense qu'il faut être réaliste. Ce sont quand même des montages industriels et financiers qui sont compliqués. Ça ne s'obtient pas en appuyant sur un bouton. Je souhaite ardemment que le PDG de Stéco et ses actionnaires y parviennent. » Un groupe de travail, piloté par le préfet, doit se réunir dès la semaine prochaine avec des représentants de l'entreprise, du ministère de l'Industrie et du Fonds stratégique d'investissement pour tenter de décrocher les derniers partenaires financiers.
Le PDG de Stéco
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Quant à savoir s'il y croit toujours, l'ancien président du conseil général souligne qu'un communiqué commun a été signé, hier. Un signe de confiance, selon lui. Même si, dit-il, « l'expérience m'incite à dire qu'il faut être prudent ». Lui et Guy Férez sont encore d'accord pour dire qu'il « ne faut pas que ça dure trop longtemps ». Avant le premier tour des Régionales, où tous deux sont candidats sur des listes opposées?? « Il n'y a pas d'opération politicienne dans cette affaire. Ce serait une sorte d'injure vis-à-vis des gens qui attendent beaucoup de ce dossier », rétorque Guy Férez.
Le PDG de Stéco (injoignable hier) le sait : il lui reste peu de temps pour convaincre ses partenaires. « Plus le glissement est important, plus il est ennuyeux. Tout le monde est bien conscient de ça. » n